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2 juillet 2021 5 02 /07 /juillet /2021 21:21

tout écouter mais surtout attention

à 25 mn

https://www.arte.tv/fr/videos/048696-000-A/le-ventre-notre-deuxieme-cerveau/

 

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20 février 2020 4 20 /02 /février /2020 13:59
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14 février 2020 5 14 /02 /février /2020 11:53

série de 6 articles publiés en 2019 sur Le Figaro

  1. LA VIE SECRÈTE DES ORGANES (1/6) - Les neurosciences éclairent d’un jour nouveau la fougue de l’adolescence et la sagesse qui vient avec l’âge.
  2. LA VIE SECRÈTE DES ORGANES (2/6) Les reins, des purificateurs du sang ultrasophistiqués
  3. LA VIE SECRÈTE DES ORGANES (3/6) Le foie: batterie géante et superfiltre «détox»

    - La nuit, c’est lui qui nous rassasie. Le foie est la principale réserve d’énergie de l’organisme.

  4. LA VIE SECRÈTE DES ORGANES (4/6) - L’estomac, un redoutable sac d’acide chlorhydrique
  5. LA VIE SECRÈTE DES ORGANES (5/6) Les poumons, une pompe autonome sous contrôle
  6. LA VIE SECRÈTE DES ORGANES (6/6) Le cœur, la plus économe des batteries

 

Le cerveau, mature à 25 ans mais en constant remaniement

LA VIE SECRÈTE DES ORGANES (1/6) - Les neurosciences éclairent d’un jour nouveau la fougue de l’adolescence et la sagesse qui vient avec l’âge.

Par Damien Mascret

Publié le 28 juillet 2019 à 17:58, mis à jour le 28 juillet 2019 à 17:58

Le Dr Thomas Willis avait une passion : ouvrir les crânes et en extraire le cerveau pour l’examiner sous toutes les coutures ! En 1664, ce professeur de philosophie naturelle de la respectable université d’Oxford publie la somme de ses observations : Cerebri anatome (Anatomie cérébrale), livre riche d’illustrations inédites sur le cerveau et les nerfs qui s’en échappent. Il marque l’acte de naissance des neurosciences. Après Willis, le cerveau, cette masse gélatineuse prompte à se putréfier après la mort, s’impose définitivement comme le centre du système nerveux.

Il faudra toutefois attendre l’avènement de la radiologie moderne pour que soient véritablement levés les secrets de nos pensées et de nos émotions, notamment avec l’imagerie à résonance magnétique et la tomographie à émissions de positons. Les chercheurs en neurosciences peuvent désormais visualiser l’activité des différentes parties du cerveau en action et commencent à en décrypter les connexions.

On découvre ainsi chez les adolescents un cortex préfrontal médian (à l’avant du cerveau) plus réactif que celui des adultes, ce qui leur inflige d’intenses émotions relatives à la conscience sociale, autrement dit la façon dont on pense être vu par les autres en société. Le pic d’activité du cortex préfrontal médian est atteint aux environ de 15 ans, ce qui souligne l’importance attachée à cet âge aux jugements des pairs. En outre, l’émotion l’emporte plus facilement sur la raison car la maturité du cortex orbito-frontal, partie la plus évoluée du cerveau, impliquée dans la planification et la résolution des problèmes, ne sera atteinte qu’aux alentours de 25 ans.

Les bienfaits d’une vie stimulante

C’est aussi grâce à l’imagerie de l’activité cérébrale qu’en 2002, des chercheurs américains ont découvert comment la mémoire des seniors pouvait être aussi performante que celles de jeunes adultes dans des conditions expérimentales. Les seniors mobilisent tout simplement davantage de zones du cerveau. Cette mobilisation générale des neurones peut d’ailleurs être entretenue en menant une vie stimulante. Il y a deux ans, des chercheurs de l’université du Texas ont montré que de 50 à 89 ans, ce sont les cerveaux les plus occupés qui fonctionnent le mieux.

Lecture, apprentissage de nouvelles activités, jeux divers et surtout entretien de relations familiales, amicales et sociales n’évitent sans doute pas d’avoir une maladie d’Alzheimer si on doit en avoir une mais peuvent sensiblement la retarder en challengeant notre cerveau au quotidien.

Car on le sait maintenant, la force de notre cerveau réside dans ses connexions. De la naissance à la mort, les milliards de neurones qui relient les zones cérébrales ne cessent de modifier les liens entre elles. Peu utilisées, certaines voies ressemblent à des chemins de terre laissés à l’abandon ou entretenues au quotidien ; d’autres sont de véritables autoroutes.

« Précisons que la carte n’est pas le territoire », expliquent les docteurs Marc Lévêque, neurochirurgien, et Sandrine Cabut, journaliste au Monde, «Sur une cartographie classique, les routes ne varient pas. Lorsque l’on parle du cerveau, les régions varient d’un individu à l’autre » (La Chirurgie de l’âme, Éditions JC Lattès, 2017).

Elles varient aussi dans le temps. Chaque nuit, en particulier, des remaniements ont lieu. Nous avons peut-être le sentiment d’être fidèles à nous-même mais ce nous-même est un peu différent chaque matin. Professeur de neurosciences à l’université de Berkeley, Matthew Walker explique qu’un tri sélectif a lieu quand nous dormons. Le cerveau transfère les souvenirs importants pour les stocker dans notre mémoire et se débarrasse des expériences sans importance. À condition d’éviter les somnifères et l’alcool qui entravent le bon déroulement de ce travail nocturne. Le cerveau ne dort donc jamais complètement.

Les reins, des purificateurs du sang ultrasophistiqués

LA VIE SECRÈTE DES ORGANES (2/6) - En 1945, avec le premier organe artificiel capable d’épurer le sang débute la dialyse qui sauvera des millions de vies.

Publié le 29 juillet 2019 à 17:13, mis à jour le 30 juillet 2019 à 14:31

Jusqu’au XIXe siècle, examiner et parfois goûter les urines faisait partie de l’examen de base des médecins pour avoir une idée de l’état général de leurs patients. Une bonne idée puisque bien des maladies se manifestent effectivement par des modifications de la couleur, de l’odeur ou du goût des urines. Aujourd’hui, on trempe encore une bandelette imprégnée de différents réactifs pour un premier test rapide.

Schématiquement, la fonction principale des reins est de fabriquer l’urine en filtrant le sang pour éliminer les déchets toxiques. Ceux-ci sont naturellement produits par les centaines de réactions chimiques qui se produisent à chaque instant dans notre corps. Notamment l’urée, fabriquée par le foie lors de la dégradation des protéines de l’alimentation.

Ce n’est qu’en 1823 qu’est découvert le rôle crucial des reins dans l’élimination de l’urée. Deux chimistes français, Prévost et Dumas, observent chez un animal privé de ses reins que le taux d’urée augmente dans le sang jusqu’à provoquer sa mort.

Ce sera malheureusement le sort de tous les malades arrivés au stade d’insuffisance rénale terminale jusqu’à la mise au point de la dialyse (rein artificiel). Ainsi en 1963, au jeune interne de néphrologie, Olivier Kourilsky, qui s’interrogeait sur la maladie de «cette jeune fille d’une vingtaine d’années qui se tient dans son lit, demi-assise, le teint pâle, le regard triste», on répond encore: «Ah oui, elle a une néphrite chronique avec une insuffisance terminale, on ne peut malheureusement rien faire. Elle va mourir » (La Médecine sans compter, Éditions Glyphe).

L’incroyable et ingénieuse complexité de la structure fonctionnelle des reins n’est éclaircie qu’à la fin des années 1950

Car si les reins ne sont plus capables d’épurer le sang de l’urée et des autres toxines, il faut un appareil externe capable de le faire, un organe artificiel en somme. Les premières tentatives échouèrent dans les années 1920 jusqu’à ce que le Néerlandais Willem Kolff y parvienne pour la première fois en 1945. Ce succès ouvre la voie au développement du rein artificiel qui se répandra dans les années 1960 et à sauver depuis des millions de vies. Il n’est pas exagéré de dire que Willem Kolff fait partie des oubliés du Nobel.

L’incroyable et ingénieuse complexité de la structure fonctionnelle des reins n’est éclaircie qu’à la fin des années 1950, par le médecin américain Carl Gottschalk et son assistante Margaret Mylle. En 1959, ils percent le secret des reins : un système (dit «à contre-courant amplificateur») qui permet de filtrer les différentes molécules tout en récupérant au maximum l’eau et le sel afin de réduire le risque de déshydratation.

C’est ce qui explique qu’en cas de déshydratation, les urines soient foncées au lieu d’être jaune pâle car elles sont concentrées au maximum. Un bon moyen de savoir si l’on ne boit pas assez. En pratique, grâce à un système hormonal subtil, les reins se chargent habituellement tout seuls de régler la quantité d’urine produite, et d’envoyer à la conscience un signal de soif si nécessaire.

L’autorégulation de la filtration des reins est tellement précise qu’elle leur permet de fonctionner à pression constante que la pression sanguine soit basse ou haute, tant qu’elle ne dépasse pas 20 (cm de mercure) et n’est pas inférieure à 8. En dessous de cette pression artérielle, les reins se bloquent. De même, en dépit de leur impressionnante capacité de concentration des urines (180 l de sang traversent chaque jour les reins mais seulement 1 à 1,5 l filtré ira dans la vessie!), il faut éliminer au moins un demi-litre d’urines par jour pour pouvoir se débarrasser des déchets du corps.

Le foie: batterie géante et superfiltre «détox»

LA VIE SECRÈTE DES ORGANES (3/6) - La nuit, c’est lui qui nous rassasie. Le foie est la principale réserve d’énergie de l’organisme.

Publié le 30 juillet 2019 à 14:17, mis à jour le 30 juillet 2019 à 14:17

 

 

 

 

C’est l’organe le plus lourd du corps humain ! Il pèse en moyenne 1,5 kg. Mou et gorgé de sang, c’est lui que visent les boxeurs en visant sous les côtes à droite, mais il est soigneusement protégé par le bas de la cage thoracique. Il possède surtout une propriété extraordinaire. Là où les autres organes cicatrisent et en garde la trace quand ils sont blessés, le foie lui est capable de se régénérer.

Ainsi, le foie, même atteint de lésions sévères, comme c’est le cas dans l’obésité, la consommation excessive d’alcool ou les infections par les virus des hépatites, peut réussir à se réparer si on perd du poids, s’abstient de boire de l’alcool ou traite son infection par des antiviraux adaptés. Cependant, le diagnostic n’est pas toujours facile à poser car un foie, même abîmé, peut rester longtemps indolore, ne donnant aucun symptôme.

Lorsque le foie souffre, les « transaminases » (ALAT et ASAT) sont augmentées. Ces enzymes sont en effet libérées lorsque des cellules du foie meurent. Reste alors à en trouver la cause. Ce peut être une réaction brutale due à une intoxication par l’alcool, des champignons ou un médicament, mais il peut également s’agir d’un virus qui s’installe définitivement (hépatite chronique). En l’absence de traitement, le risque est alors de voir le foie se durcir (fibrose) avant d’aboutir à une cirrhose puis parfois au cancer.

« Véritable alambic naturel, chargé de détoxifier le sang venant du tube digestif juste avant d’arriver au cœur, le foie prend en charge l’ammoniaque, un déchet hypertoxique produit par la dégradation des protéines alimentaires », explique au Figaro le Pr Sébastien Dharancy, hépatologue au CHRU de Lille.

Mais le foie prend soin de ne pas s’en débarrasser directement dans le sang car lorsque le taux sanguin d’ammoniaque s’élève, ce qui peut arriver lorsqu’il est très abîmé, c’est le coma qui guette. «Le foie a donc trouvé un subterfuge: il transforme l’ammoniaque en urée, également toxique, mais qui a l’avantage d’être rapidement prise en charge par les reins et éliminée dans les urines», explique le Pr Gabriel Perlemuter dans Les Pouvoirs cachés du foie (Flammarion, 2018).

Aussi étrange que cela puisse paraître, le foie s’engraisse lorsque l’on consomme trop de sucres !

Mais le foie n’est pas seulement chargé de la détoxification, il joue également d’autres rôles majeurs, notamment dans l’équilibre glycémique (taux de sucre dans le sang). Car c’est le foie qui a la charge de stocker le sucre (sous forme de glycogène), notamment lors des repas, puis de le libérer au fil des 24 heures en fonction des besoins. C’est par exemple en libérant la nuit du glucose dans le sang que le foie nous évite d’être affamés au réveil.

Évidemment, il n’est pas question de se passer des sucres contenus dans l’alimentation car c’est à partir d’eux que le foie, véritable « batterie géante » de l’organisme va stocker l’énergie ; inutile toutefois de dépasser la charge maximale, soit environ 100 g de glucose par jour, l’équivalent d’une vingtaine de carrés de sucre.

Si on le fait, alors le foie va le garder dans ses propres cellules après l’avoir transformé en graisses (stéatose hépatique) plutôt que de le laisser circuler dans le sang. Aussi étrange que cela puisse paraître, le foie s’engraisse lorsque l’on consomme trop de sucres !

En pratique, il est inutile de se lancer dans des « cures détox » à base de produits miracles car c’est un travail que le foie fait tout seul. En revanche, on peut tout de même aider son foie en mangeant moins sucré et, bien sûr, en évitant l’alcool. Certains estiment que l’on développe une stéatose hépatique à partir d’un seuil de quatre verres standards par semaine ! Ultime raison de prendre soin de son foie, il s’avère, avec ses multiples fonctions, un organe tellement complexe que personne n’a encore réussi à fabriquer un foie artificiel.

L’estomac, un redoutable sac d’acide chlorhydrique

LA VIE SECRÈTE DES ORGANES (4/6) - L’acidité gastrique a longtemps fait obstacle à la chirurgie, jusqu’à ce qu’un coup de fusil accidentel brise le tabou.

Publié le 31 juillet 2019 à 15:40, mis à jour le 31 juillet 2019 à 15:40

L’accident s’est produit le 6 juin 1822 à Fort Mackinac, sur une île du grand lac Huron. Au petit matin, le Dr William Beaumont, chirurgien militaire du fort, entend un coup de feu. Un tir accidentel, à bout portant, vient de truffer de plomb le thorax et le flanc d’un jeune trappeur franco-canadien de 28 ans.

Arrivé sur les lieux, Beaumont nettoie la blessure et découvre un orifice de la taille d’une paume de main, d’où s’écoulent du café et des aliments. L’estomac a été perforé. Un arrêt de mort. Pourtant, contre toute attente, le trappeur qui répond au nom de Saint-Martin va vivre jusqu’à l’âge de 86 ans. Avec une étonnante séquelle : Saint-Martin garde une fistule stomacale - un orifice à la surface de la peau - qui mène droit dans son estomac si on abaisse le morceau de paroi muqueuse qui, heureusement, la ferme et empêche l’écoulement d’acide gastrique à l’extérieur.

Un accès direct à l’estomac d’un homme vivant, voilà une aubaine dont le Dr Beaumont va profiter pendant une dizaine d’années pour étudier la digestion. Il va ainsi découvrir que le temps de séjour des aliments dans l’estomac varie considérablement en fonction de leur composition. Ainsi, remarque Beaumont, plus les aliments sont riches en graisses et en protéine et plus leur dégradation est lente, tandis que les aliments riches en sucre sont rapidement digérés. Mais surtout, en 1833, Beaumont publie un livre sur la digestion qui va donner à d’autres chirurgiens l’idée de réaliser une ouverture artificielle à l’estomac pour nourrir un malade, lorsque l’entrée est obstruée par un cancer inopérable, au lieu de le regarder mourir de faim.

Les inconvénients d’un milieu acide

Le tabou de l’estomac était brisé et le mouvement était lancé

Si l’idée de la gastrostomie fait ainsi ses premiers pas dans l’imagination des chirurgiens, il faut attendre le 29 janvier 1881 pour que soit rapportée par le chirurgien viennois Theodor Billroth la première opération réussie d’un cancer du pylore (technique baptisée Billroth I), la zone de sortie de l’estomac. Billroth a tenté l’opération chez une femme de 43 ans réduite à l’état de squelette car elle ne peut plus rien avaler et tourmentée de vomissements incessants. La patiente ne survécut que quatre mois, mais le tabou de l’estomac était brisé et le mouvement était lancé. Les années suivantes, la technique fut améliorée avant de se généraliser progressivement.

L’estomac a l’étonnante propriété de fabriquer de l’acide chlorhydrique, ce qui est très utile pour la digestion et pour détruire la plupart des bactéries avalées, mais peut aussi présenter des inconvénients. Certes, la paroi de l’estomac possède plusieurs lignes de défense contre l’acidité gastrique, notamment un film gélifié de quelques dixièmes de millimètre d’épaisseur. Mais la fragilisation de la paroi gastrique (liée à la baisse de ces défenses) peut entraîner des lésions douloureuses : les ulcères. De plus, le milieu acide est parfait pour le développement d’une bactérie, Helicobacter pylori, qui par l’inflammation chronique qu’elle provoque (gastrite) augmente considérablement les risques d’ulcères. D’où le traitement antibiotique prescrit lorsqu’elle est présente.

Enfin, un autre moyen de défense contre l’acidité explique pourquoi les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont redoutables pour l’estomac et peuvent aller jusqu’à provoquer des hémorragies digestives. En effet, les AINS empêchent l’action protectrice des prostaglandines. Ajoutons qu’ils perturbent aussi l’agrégation plaquettaire, augmentant le risque de saignement, et les conditions idéales sont réunies pour provoquer des ulcères et hémorragies. Prendre les AINS pendant le repas ne suffit pas toujours pour éviter cette agression. Surtout si l’alcool et le tabac viennent s’ajouter et fragiliser aussi la muqueuse gastrique.

Les poumons, une pompe autonome sous contrôle

LA VIE SECRÈTE DES ORGANES (5/6) - Maîtres des échanges gazeux, ils fonctionnent sur commande… mais seulement jusqu’à un certain point.

Publié le 1 août 2019 à 16:08, mis à jour le 1 août 2019 à 16:08

Pourquoi respirons-nous ? La réponse intrigua les savants pendant des siècles. En 1660, un ingénieux chimiste de l’université d’Oxford, Robert Boyle, invente un appareil muni d’un réservoir de verre dans lequel il place un canard. Cet animal ayant, comme d’autres gibiers d’eau, la capacité de « rester un grand moment sous l’eau sans préjudice », le savant estime qu’il supportera mieux l’expérience, explique-t-il dans un article publié en 1670. En l’occurrence, vider de son « esprit vital » (l’oxygène ne sera découvert qu’en 1774) l’air contenu dans le réservoir. « Nous mîmes le canard mature dans le réservoir, puis nous pompâmes l’air, raconte Boyle. Déjà, en l’espace d’une minute, il apparut défait, et entre la première et la deuxième minute, sa lutte et ses mouvements convulsifs s’accrurent tant, sa tête pendant mollement, qu’il sembla juste sur le point de mourir. Nous le sauvâmes en faisant arriver l’air sur lui.»

Boyle fait la même expérience avec une chandelle allumée et la voit s’éteindre en quelques instants. «Il démontre ainsi que l’air joue un rôle essentiel à la fois pour la respiration des organismes vivants et pour la combustion», explique Rémi Cadet dans L’invention de la physiologie(éditions Belin, 2008). Dès lors, les chimistes vont essayer de comprendre la nature chimique des gaz respiratoires. C’est le Français Antoine Laurent Lavoisier qui démontre, un siècle après l’expérience de Boyle, que le dioxygène (O2) est inspiré alors que le dioxyde de carbone (CO2) est expiré. Pour Lavoisier, la respiration est donc une réaction chimique qui se produit dans le poumon. La réalité va s’avérer un peu plus complexe.

Car si des échanges gazeux ont bien lieu dans les poumons (respiration externe), comme l’ont découvert les savants des XVIIe et XVIIIe siècles, ils se produisent aussi au niveau de chacune des cellules de l’organisme (respiration interne), dans des petites usines chimiques appelées mitochondries. C’est là que se déroule la respiration cellulaire, comme vont le démontrer en 1952 deux biochimistes américains, Eugène Kennedy et Albert Lester Lehninger, quatre-vingts ans après que le Français Paul Bert a prouvé l’existence d’une respiration tissulaire, des fragments de cerveau consommant par exemple trois fois plus d’oxygène que des fragments de testicule.

C’est Julien Jules César Legallois, médecin de la prison de Bicêtre, qui va localiser en 1811 les centres du rythme respiratoire dans le bulbe rachidien, au niveau du trou occipital

Reste la question du contrôle de la respiration, puisqu’elle est à la fois involontaire et volontaire. On peut par exemple la bloquer ou la modifier volontairement pour parler ou chanter, mais on perd ce contrôle si le CO2 s’élève trop. Priorité à la respiration! Ce qui explique qu’il soit impossible de bloquer sa respiration volontairement jusqu’à l’asphyxie.

S’agissant de la régulation involontaire de la respiration, de nombreux facteurs peuvent jouer un rôle. Évidemment l’effort physique, car les besoins musculaires en oxygène sont accrus, mais aussi la fièvre, qui accélère le métabolisme (ensemble des réactions chimiques de l’organisme), ou encore des émotions fortes (excitation, peur, pleurs), des drogues, des médicaments tels que les somnifères, ou des toxiques tel l’alcool.

Finalement c’est Julien Jules César Legallois, médecin de la prison de Bicêtre, qui va localiser en 1811 les centres du rythme respiratoire dans le bulbe rachidien, au niveau du trou occipital. C’est là qu’arrivent des neurones (respiration volontaire) mais surtout de nombreuses informations de l’état chimique du corps en général et du sang en particulier (respiration involontaire). Voilà pourquoi l’absence de respiration spontanée est un témoin de mort cérébrale. Le signe que le cerveau n’est même plus capable d’assurer cette fonction aussi élémentaire qu’essentielle : respirer.

Le cœur, la plus économe des batteries

LA VIE SECRÈTE DES ORGANES (6/6) - Une machine de guerre qui, alimentée en oxygène, peut continuer à battre en dehors du corps humain.

Publié le 2 août 2019 à 14:36, mis à jour le 2 août 2019 à 14:36

Pour les physiologistes, l’homme a deux cœurs, accolés l’un à l’autre. Le cœur droit, qui reçoit le sang veineux de l’ensemble du corps et l’envoie aux poumons pour se recharger en oxygène (en échange du dioxyde de carbone). Le cœur gauche, qui reçoit le sang oxygéné en provenance des poumons et le redistribue aux organes. Petite circulation entre le cœur et les poumons ; grande circulation entre le cœur et les autres organes. Un double circuit qui semble aujourd’hui logique.

Pourtant, pendant près de quinze siècles, des générations de savants se rangèrent derrière une théorie fausse sur la circulation sanguine. Celle du médecin de l’Antiquité Claude Galien, auteur de plus de 500 livres. Galien croyait que le sang était fabriqué par le foie puis dirigé vers le cœur où une partie allait se charger en air dans les poumons tandis que l’autre traversait le cœur pour se réchauffer.

Au début du XVIe siècle, Galien est remis en cause par trois savants qui se disputent la découverte de la circulation correcte du sang: le Flamand Andries van Wesel (alias André Vésale), nommé professeur d’anatomie à la prestigieuse université de Padoue en 1537, son assistant puis successeur l’Italien Realdo Colombo, et enfin l’Espagnol Michel Servet, étudiant à Padoue à cette époque.

Des performances impressionnantes

C’est pourtant un médecin anglais qui rafla la mise pour la postérité, William Harvey, revenu à Londres après avoir étudié à Padoue en 1600. Il publie, en 1628, Exercitatio anatomica de motu cordi et sanguini , qui décrit précisément la circulation. Cependant, le mérite de la découverte de la petite circulation, entre le cœur et les poumons, ne revient ni à Harvey, ni à Vésale, pas plus qu’à Servet ou à Colombo.

La preuve se trouve dans une bibliothèque de Berlin. En 1924, un Égyptien, étudiant en médecine, en retrouve la description exacte dans l’ouvrage d’un célèbre médecin de Damas, Ibn Nafis, qui vivait au Caire vers 1250. De plus, l’œuvre d’Ibn Nafis a été traduite en latin au XVe siècle par un médecin de l’université de Padoue, Andrea Alpago, qui résida à Damas de 1487 à 1520 avant de revenir à Padoue. Or « Paolo, le neveu d’Andrea Alpago, devint étudiant à Padoue entre 1527 et 1541 et fit connaître les manuscrits d’Ibn Nafis à ceux qui étaient ses maîtres, c’est-à-dire Vésale, Colombo et d’autres, dont Servet, qui passait par là pour soutenir sa thèse », explique l’historien de la médecine Jean-Noël Fabiani dans L’Incroyable Histoire de la médecine (Les Arènes BD, 2018). L’histoire de la découverte de la circulation sanguine est corrigée et ses mystères aujourd’hui quantifiés.

Le débit cardiaque étant de 5 à 6 litres par minute au repos, le cœur pompe plus de 8000 litres de sang par jour

Dr Florian Zores

Les performances du cœur sont impressionnantes pour un organe qui ne consomme pas plus d’énergie qu’une ampoule à basse consommation. « Le débit cardiaque étant de 5 à 6 litres par minute au repos, le cœur pompe plus de 8000 litres de sang par jour, explique le Dr Florian Zores, cardiologue à Strasbourg, et il commence à battre dès la quatrième semaine de vie du fœtus. Soit plus de 3 milliards de battements en quatre-vingts ans !»

Dans la grande circulation, le cœur alimente en priorité les organes vitaux, c’est pourquoi 4 % du débit cardiaque part dans les artères nourricières du cœur (les coronaires), 13 % pour le cerveau car les neurones meurent rapidement quand on les prive d’oxygène, et 20 % dans les reins, qui ne pèsent pourtant que 0,5 % du poids du corps mais épurent le sang. Le reste se répartit entre les différents organes, notamment le tube digestif (24 %), les muscles (21 %) et la peau (10 %). Toutefois, en cas d’effort physique, les trois quarts du débit cardiaque peuvent être détournés par les muscles.

Mais le plus étonnant pour un organe capable d’une autorégulation remarquable reste son autonomie. « Alimenté en oxygène, le cœur peut continuer à battre en dehors du corps car il dispose de son propre système électrique !», s’émerveille le Dr Zores. Un phénomène qui a toujours fasciné les hommes.

 

 

 

 

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21 janvier 2020 2 21 /01 /janvier /2020 09:52
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12 janvier 2020 7 12 /01 /janvier /2020 11:19
Les nouveaux mystères de l’effet placebo

SANTÉ - Efficace même lorsque le patient est informé de la supercherie, l’administration d’un produit sans substanc «Un placebo prescrit sans tromper le patient peut être un traitement efficace dans le syndrome du côlon irritable.»

Cette conclusion, résultat d’une étude publiée par le Pr Ted Kaptchuk, chercheur à l’université de médecine de Harvard en 2010 dans la très sérieuse revue PloS One, marque le début d’une révolution conceptuelle. De quoi modifier profondément les pratiques médicales.

Oui, un produit dénué de molécule active peut être efficace même lorsque les patients savent ce qu’il en est! Oui, les médecins peuvent proposer des placebos de façon éthique, sans mentir à leurs patients! e active peut déclencher une véritable réponse physiologique.

Depuis, les études se succèdent: douleurs, insomnies, migraines, lombalgies chroniques, bouffées de chaleur, rhinite allergique, fatigue liée au cancer, dépression, anxiété mais aussi maladie de Parkinson et maladies auto-immunes voient leurs symptômes réduits et la qualité de vie des patients améliorée par l’utilisation de «placebos ouverts» (c’est-à-dire sans faire croire au patient qu’on lui donne un véritable produit actif). Il ne s’agit évidemment pas d’affirmer que les placebos seraient une panacée: ils n’agissent que sur certains symptômes, apportent du confort mais ne guérissent pas de maladies comme les infections, le cancer ou la maladie d’Alzheimer. Mais, indubitablement, ils ont un effet mesurable…

L’effet placebo, tiré du mot latin placebo, signifiant littéralement «je plairai»*, fait son entrée officielle en science médicale à la fin du XVIIIe siècle. Le médecin bavarois Franz Anton Mesmer prétend alors guérir au moyen d’un mystérieux «fluide animal» ; mais les travaux de deux commissions nommées par Louis XVI démontrent que le fluide que Mesmer prétend utiliser n’existe pas… On sait aujourd’hui que c’est la conviction et l’attente de ses patients à propos de l’efficacité de son traitement qui les a conduits à se sentir mieux.

Cet effet placebo s’appuie sur des mécanismes psychiques, évidemment, mais pas seulement. «Il est lié à chaque patient, en fonction de l’information qui lui est fournie, mais également en lien avec son terrain génétique», souligne la Pr Anne Héron, enseignante-chercheuse à la Faculté de santé et de physiologie de l’université Paris-Descartes. Les scientifiques peuvent en effet mesurer les effets d’un placebo: certains neurotransmetteurs sont directement affectés, provoquant par exemple la libération d’endorphines, de molécules anti-inflammatoires ou d’hormones. Ceci explique pourquoi certaines pathologies répondent mieux aux placebos que d’autres, mais aussi pourquoi certains patients y sont plus sensibles. Des chercheurs américains ont ainsi identifié, en 2012, un gène codant pour une enzyme modulatrice de neurotransmetteurs, la CoMT, dont le niveau d’expression permet de prédire en partie la réaction à un placebo.

Parfois nommé «effet contextuel», il accompagne en réalité tout geste de soin et compte en moyenne pour 30 % de son efficacité. De fausses interventions chirurgicales (avec anesthésie du patient, incision de la peau et suture mais sans pratiquer l’intervention annoncée) ont même ainsi pu donner d’aussi bons résultats que l’intervention réelle: chirurgie de l’angine stable, de l’incontinence, du genou, de l’apnée du sommeil, de Parkinson…

Écoute attentive

L’effet placebo existe aussi chez les enfants et les animaux, car toute intervention crée l’attente d’une amélioration, chez le malade comme chez ceux qui s’occupent de lui et surveillent ses symptômes. Il peut être augmenté par la conviction du thérapeute, en conditionnant un patient par réflexe pavlovien et en l’adaptant à chacun.

L’écoute attentive est ainsi le premier outil dont disposent les médecins ; mais elle est souvent sacrifiée à l’autel de la réduction des coûts dans les systèmes de santé publics, au profit parfois des médecines alternatives qui ne sont pas soumises à la même rigueur scientifique mais qui, systématiquement, proposent une personnalisation des soins. Ted Kaptchuk, initialement acupuncteur, a pu démontrer que l’acupuncture n’est pas plus efficace qu’un placebo: sans nier des résultats parfois satisfaisants, il serait plus éthique d’expliquer qu’ils ne viennent pas d’un effet spécifique sur les organes visés. Il serait également utile d’informer les patients sur les ressorts habituels des pratiques non reconnues: elles revendiquent des effets sur des pathologies à symptômes flous dont l’amélioration est difficile à mesurer et qui ont une évolution naturelle favorable. Or le patient consulte au moment où il se sent le plus mal et ne peut que constater une amélioration, qui aurait eu lieu de toute façon. Un praticien sérieux renverra d’ailleurs vers la médecine officielle pour les cas graves.

Il restera donc indispensable de toujours commencer par un diagnostic médical afin de ne pas retarder l’accès à des traitements plus efficaces que les placebos. «Il ne s’agit pas de remplacer des médicaments qui ont fait la preuve de leur efficacité, mais d’y ajouter des placebos pour en améliorer l’effet sans effets secondaires ou de les proposer lorsqu’aucun traitement n’est disponible pour aider spécifiquement tel ou tel patient», précise le Pr Jean-François Bergmann, professeur de thérapeutique à l’université Paris-Diderot.

C’est là en effet la crainte principale des spécialistes, malgré leur enthousiasme pour un usage sans mystification des patients. «Il ne faudrait pas que cette nouvelle approche favorise encore plus les charlatans et la mauvaise médecine en revendiquant l’utilisation de l’effet placebo pour tout et n’importe quoi», souligne le Pr Fabrizio Benedetti, chercheur à l’université de Turin. Les médecins doivent pouvoir continuer à prescrire uniquement des soins pour lesquels la meilleure évaluation a été proposée: la transparence complète sur l’utilisation des placebos, associée à une éducation des médecins et des patients, permettrait d’améliorer la confiance des patients et l’efficacité d’une médecine reposant sur des preuves. L’utilisation éthique des placebos, en toute connaissance de cause, devra donc s’appuyer sur des données scientifiques fiables, capables d’identifier toutes les pathologies et le type de patients pouvant en bénéficier.

* Placebo : littéralement «je plairai», en latin, car, à l’origine, l’objectif d’un placebo est de faire plaisir au patient en lui administrant «quelque chose». Même si la préparation ne contient aucune substance active, sa prise peut assez étrangement avoir des effets bénéfiques bien réels.


Des questions sur le placebo

Faut-il des «placébologues»?

Ted Kaptchuk, professeur de médecine à l’université de Harvard: «Il me semble que ce serait une mauvaise idée d’éloigner l’usage des placebos des spécialistes de pathologies données. Ils savent quels sont les médicaments éprouvés les plus efficaces et ils savent aussi quels effets secondaires il serait intéressant d’atténuer avec l’aide des placebos. Enfin, ils seront les plus informés des études en placebos ouverts spécifiquement liés à leur spécialité. L’usage des placebos ouverts doit pouvoir venir s’ajouter aux compétences des spécialistes, pour garantir leur usage à bon escient.»

Est-il éthique de donner un placebo?

Fabrizio Benedetti, professeur de physiologie à l’université de Turin: «La majorité des pays suivent la même éthique à leur sujet: les médecins doivent prescrire des traitements éprouvés par la science et dont les résultats sont meilleurs que les placebos. L’Association médicale allemande est seule à approuver un usage plus large de médicaments sans substance active. Les médecins allemands peuvent prescrire par exemple des comprimés “T Lichtenstein” blancs ou roses, qui sont vendus avec la mention: “Ces comprimés sont un médicament factice avec ce qu’on appelle l’effet placebo. Ils n’ont aucun effet propre. On pense que le patient n’active ses pouvoirs d’autoguérison qu’en croyant en ce médicament”.»


Petites histoires de placebos

L’usage de placebos suscite des anecdotes toujours surprenantes. Ainsi de ce patient admis aux urgences avec une tension dangereusement basse après avoir tenté de se suicider ; l’analyse des cachets qu’il a pris révèle qu’il ne s’agit que d’un placebo: le patient se remet en quelques minutes!

Autre histoire étonnante, lors d’un essai d’analgésique, on injecte un placebo à un patient qui pense recevoir de la morphine. Sa douleur s’atténue. On lui injecte un inhibiteur des neurotransmetteurs naturels antidouleur générés par le placebo: sa douleur réapparaît!


Ce qu’il faut savoir sur le placebo

● En 1955, Henry K. Beecher, chercheur en anesthésiologie et en éthique médicale, publie dans le Jama un article qui, l’un des premiers, montre à quel point l’effet placebo influence l’efficacité d’un médicament, donc doit être pris en compte dans les études cliniques.

● Un patient sur deux serait sensible de façon intermittente à l’effet placebo et un tiers y serait réfractaire. L’efficacité varie selon le type de symptômes visés

● Taille, goût, voie d’administration, prix et couleur jouent sur l’effet placebo. Plus le produit est gros, amer, invasif et cher, mieux il «marche»!

● Le Lobepac, échec d’un placebo qui disait son nom:

Au début des années 2000, le pharmacologue et psychiatre Jean-Jacques Aulas, spécialiste de l’effet placebo, imagine le Lobepac. Derrière l’anagramme, un sirop (composé d’une solution hydroalcoolique, de glycérol et d’un colorant) qui s’affiche comme «élixir psychoactif», sédatif lorsqu’il est bleu, tonifiant s’il est rouge. Il s’agissait, racontera Jean-Jacques Aulas, de «faire aussi bien que l’homéopathie», sans se cacher derrière «une théorie fumeuse». La réussite commerciale ne sera hélas pas au rendez-vous…

Interdit de prescrire de «purs» placebos

Les médecins ont toujours utilisé des placebos sans le dire pour proposer une solution aux patients dont ils jugent qu’ils ont besoin d’un support «tangible» pour aller mieux. Mais ils le font rarement avec un placebo pur, un produit ne contenant aucune substance active (comme un cachet fait de sucre ou une injection de sérum physiologique). Cela leur est d’ailleurs interdit. Les médecins prescrivent plutôt des placebos impurs, c’est-à-dire contenant une substance active inefficace sur la pathologie du patient, mais qu’ils perçoivent comme étant inoffensive: par exemple, des vitamines en cas de grippe ou des antibiotiques pour une infection virale. Les placebos ouverts peuvent être purs ou impurs, mais ils sont forcément prescrits en expliquant qu’aucune action spécifique à ce qu’ils contiennent n’en est attendue. En France ou aux États-Unis, 60 % des médecins reconnaissent en avoir prescrit. Le chiffre atteint 80 % au Canada ou en Australie. Toutes ces enquêtes montrent cependant que les médecins se sentent mal préparés et mal à l’aise pour prescrire des placebos dont ils connaissent mal les mécanismes.


Le placebo, un mètre-étalon de l’efficacité thérapeutique parfois encombrant

En recherche, le placebo représente la valeur zéro de l’efficacité thérapeutique: tout nouveau produit doit prouver une efficacité supérieure au placebo pour être approuvé par les systèmes qui financent la médecine moderne. Henry Beecher, un chercheur américain, est le premier à souligner que l’effet placebo peut influencer la mesure de l’efficacité d’un médicament, en 1955.

Depuis, les protocoles de recherche se sont affinés pour atteindre le fameux «double aveugle»: dans chaque étude, une partie des patients reçoit un placebo à la place du traitement étudié mais ni le patient ni celui qui l’administre ne savent qui reçoit quoi. Cette approche permet (théoriquement) de ne laisser entrer sur le marché que les traitements qui apportent un réel bénéfice thérapeutique. Mais cela complique la tâche des industriels.

Cette approche cartésienne et raisonnable pose des problèmes éthiques: comment justifier de ne pas traiter certains des patients? Et comment justifier de traiter des patients avec des produits dont l’efficacité n’est pas certaine? Il est donc indispensable de parfaitement informer les participants aux essais du risque qu’ils prennent pour la recherche médicale, et cela complique le recrutement de volontaires. Des scandales éclatent régulièrement et des essais sont réalisés dans des pays en voie de développement, sans réel consentement éclairé.

Conditionnement culturel

Par ailleurs, les patients sont souvent sélectionnés parmi les cas les plus graves n’ayant pas répondu aux traitements existants. Cela favorise les patients en «poussée» de leur pathologie ou qui majorent les symptômes pour être inclus. L’effet placebo de simple «retour à la moyenne» agit alors dans toute sa force, surtout sur les pathologies qui s’y prêtent: on sait aujourd’hui que les antidépresseurs ne font pas mieux qu’un placebo, même dans les cas les plus graves.

Les industriels ont également de plus en plus de mal à développer de nouvelles molécules contre la douleur, accusant le conditionnement culturel accru des patients: dans les pays où il existe de la publicité pour les médicaments, le public s’attend à ce qu’ils soient efficaces, en particulier contre la douleur, ce qui renforce aussi l’effet placebo lors des essais de nouvelles molécules et rend plus difficile de s’en démarquer.

Tous ces biais conduisent les spécialistes à s’interroger sur le prochain modèle pour les essais cliniques. Faudra-t-il y ajouter un groupe sans traitement, voire sans consultation médicale, pour éviter toute influence de l’effet placebo ou de l’effet Hawthorne (par lequel les patients majorent les effets d’un traitement pour répondre aux attentes du médecin)?

Toutes ces exigences, conçues pour protéger les patients et les systèmes de santé publique, pourraient finalement bénéficier à une meilleure connaissance de l’effet placebo. Et de la meilleure façon d’en tirer les bénéfices, sans effets secondaires pour les patients…

Par Pauline Léna
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6 novembre 2019 3 06 /11 /novembre /2019 18:35
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24 septembre 2019 2 24 /09 /septembre /2019 16:18

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Des respirations précises, lentes et profondes

Compter ses respirations, ainsi qu’il est pratiqué dans de nombreuses traditions, s’avère donc thérapeutique. «Les récitations du rosaire - l’Ave Maria en latin - ou du mantra tibétain “Om mani padme hum”, les arias de Verdi, semblent établis sur une même cadence: dix secondes d’inspir puis d’expir se répétant sur un rythme de six fois par minute», explique la psychologue Isabelle Célestin-Lhopiteau, auteur d’Éloge du vivant (éd. Harper Collins). Et on dit que la lecture de L’Odyssée en grec ancien épouse elle aussi ce rythme, de même que les sourates du Coran ! Or ce cycle de respirations précises, lentes et profondes, se retrouve dans l’une des plus récentes techniques y faisant appel, la cohérence cardiaque.» Dans celle-ci, la personne apprend à réguler par ce comptage son rythme cardiaque malmené par un choc émotionnel ou un état de stress. Mais pratiqué pendant cinq minutes trois fois par jour toute l’année, il devient le «365», méthode développée par le nutritionniste américain David O’Hare et voie d’équilibre nerveux imparable selon ceux qui la pratiquent.

Pour le Dr Christine Barois, psychiatre et auteur de Pas besoin d’être tibétain pour méditer(éd. Solar), les techniques respiratoires sont particulièrement recommandées pour tous les troubles anxieux généralisés: «J’enseigne à mes patients la “respiration en créneaux”, précise-t-elle. Compter 4 en inspirant, 4 en plateau - poumons pleins -, 4 en expiration, 4 en plateau - poumons vides.»

Et pour ceux qui souffrent d’attaques de panique, apprendre à respirer ainsi dès que les prémices d’une crise se font sentir est une aide précieuse. «Munie de ce petit protocole, simple, la personne se sent capable de se protéger elle-même et gagne en autonomie, ajoute la psychiatre. Souvent, j’ai été amenée aussi à enseigner ces “respirations en créneaux” à des personnes phobiques de l’avion… en plein vol!»

Un indicateur

Attention cependant: pas question de confondre ces respirations régulées et bienfaisantes avec l’hyperventilation volontaire, qui revient à amplifier trop fortement ses inspirations et son rythme respiratoire au point de risquer la syncope! Tous les exercices respiratoires enseignés dans le yoga, la méditation ou les nouvelles méthodes telles que le training autogène, le rebirth et la sophrologie se pratiquent d’abord et essentiellement avec un enseignant ou dans un cadre thérapeutique, et sans jamais forcer.

Autre risque: penser que son rythme respiratoire naturel puisse être «déficient» ou «inadéquat». On entend parler actuellement dans certains ateliers de bien-être de «sous-respiration». En réalité, cela ne peut être envisagé et constaté que comme un indicateur ponctuel. «Quand je suis impressionnée par quelqu’un, mon souffle se fait court et se coince dans la gorge, m’empêchant de délivrer une parole forte», constatera celle-ci ; «Quand je suis trop stressée, je respire uniquement dans le haut du thorax», confiera telle autre… Ces prises de conscience doivent permettre avant tout d’identifier des mouvements émotionnels, pas de changer une manière naturelle et spontanée de respirer. Car oui, et c’est là l’un de ses apports les plus bénéfiques, notre respiration nous aide à discerner dans quel état nous sommes réellement.

Quelles en sont les explications physiologiques?

Se concentrer sur un point précis (par exemple le nombre d’inspirations-expirations) active le cortex préfrontal, zone de régulation cérébrale, et réduit l’activité de l’amygdale, impliquée dans les émotions. Lorsque l’activité de l’amygdale est ainsi réduite, le rythme cardiaque ralentit, la pression sanguine diminue, les muscles se détendent. De plus, lorsque nous respirons profondément et lentement, le nerf vague, qui régule tout le système parasympathique et réduit l’inflammation des viscères, envoie des messages d’apaisement au cerveau qui les transmet à son tour à l’organisme.

Mais le travail respiratoire ne sert pas qu’à apaiser?

Effectivement, il y a ce fantasme à briser: modifier sa respiration ne sert pas qu’à se relaxer. C’est aussi une magnifique stratégie pour se dynamiser, se donner du courage, activer toutes ses ressources. Les grands sportifs, les orateurs, les militaires y sont entraînés. Il y a un exercice respiratoire très simple qui, effectué régulièrement dans la journée, permet ainsi de se mobiliser: on pratique trois grandes inspirations suivies de courts expirs. Pour se calmer après un choc émotionnel ou un effort prolongé, c’est l’inverse: trois courtes inspirations suivies de trois expirs longs. Simple, efficace, cette technique amène beaucoup d’autonomie à ceux qui l’adoptent.

Mais faut-il nécessairement maîtriser sa respiration pour en ressentir les bénéfices?

Non, il s’agit déjà d’observer sa manière personnelle de respirer. Car, et beaucoup l’ignorent, nous avons tous un rythme respiratoire automatique singulier. Apprendre à se connaître passe par l’observation de ce mécanisme spontané. Bien sûr, il faut ensuite avoir des outils pour apprendre à manier la respiration quand nous souhaitons modifier nos états psychologiques.

publié dans le Figaro

 

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17 septembre 2019 2 17 /09 /septembre /2019 08:47

Un des exercice de l'atelier gestion stress du mardi que nous associons à l'auto massage d'un point d'acupuncture libérant la poitrine

il inclus le sourire

et voici 10 raisons

Si manger sainement et faire du sport est bon pour la santé, il est aussi recommandé de sourire. Le sourire possède également des vertus thérapeutiques sur le corps et sur l’esprit.

1 . Sourire vous rend plus attirant (e)

Un sourire est le meilleur maquillage qu’une fille puisse porter.


– Marilyn Monroe –

Marylin Monroe disait vrai. Un sourire est le plus beau maquillage qu’une femme puisse porter. En effet, une étude menée par des chercheurs de l’Université de Portsmouth au Royaume-Uni , a révélé que, même si elles ne sont pas maquillées, les personnes souriantes sont perçues comme plus attirantes.

Pour Mark Stibich, « Une personne souriante est toujours plus séduisante. C’est un facteur indéniable. On souhaite connaître la raison de ce sourire. Le bien-être est attirant. Grimacer repousse, sourire attire. »

2 . Sourire met de bonne humeur

La joie est souvent la source du sourire. Mais parfois c’est le sourire qui est la source de la joie.


– Thich Nhat Hanh –

La prochaine fois que vous vous sentirez un peu déprimé, forcez-vous à sourire. Il y a de grandes chances que votre état d’esprit change en même temps. Être heureux vous fait sourire et sourire vous rend heureux.

3 . Le sourire est contagieux

Le sourire est une porte ouverte à la communication humaine.


– Jacques Caron –

La première impression que l’on donne est unique. Et lorsqu’on sourit, elle est directement positive. En souriant, vous communiquez ainsi que vous êtes une personne chaleureuse, amicale et ouverte à la rencontre.

Le sourire se répercute sur les autres. Une personne souriante apporte toujours un petit plus. Souriez et les gens chercheront votre compagnie.

4 . Sourire libère des endorphines et rend plus heureux

N’attendez pas d’être heureux pour sourire, souriez pour être heureux.


– Edward L. Kramer –

De nombreuses études ont montré que sourire libère naturellement des hormones, responsable de la sensation de bien-être. Lorsque nous sourions, nous stimulons en effet notre hypothalamus, qui transmet alors un influx nerveux vers le système limbique. En souriant, nous libérons de l’endorphine, appelée également « hormone du bonheur », aux vertus anti-stress reconnues.

Alors que vous soyez heureux ou non, pensez à sourire spontanément. Le sourire forcé, selon les Docteurs Tara Kraft et Sarah Pressman, libère également des endorphines. Vous pouvez donc tromper votre humeur en souriant.

5 . Sourire soulage du stress

Le sourire est un anti-stress qui orne notre visage, atténue les conflits et soulage les cœurs souffrants.


– Mofaddel Abderrahim –

Les études des docteurs Tara Kraft et Sarah Pressman ont conclu que le sourire, même forcé, avait une influence directe sur le stress. Le fait de sourire agit sur le cortisol, une hormone liée au stress. Quand nous rions, nous réduisons la libération de cortisol, l’hormone du stress. Pour la compenser, le cerveau libère alors de la dopamine, une substance associée aux émotions positive

En souriant, nous libérons également de la sérotonine, dont le manque peut nous mener à la dépression.

Alors quand vous êtes stressé, prenez le temps de sourire.

sourire
crédit image : Deposit Photos
6 . Sourire booste notre système immunitaire

Sourire trois fois tous les jours rend inutile tout médicament.


– Proverbe chinois –

En souriant, nous réoxygénons plus rapidement nos cellules. Cela permet d’activer la circulation et donc de stimuler notre système immunitaire.

Pour Mark Stibich, « Sourire aide le système immunitaire à mieux fonctionner. Plus besoin de médicament, évitez la grippe et les rhumes en souriant. »

7 . Sourire baisse la tension artérielle

J’ai décidé d’être heureux car c’est bon pour la santé.


– Voltaire –

Dans leurs recherches, Tara Kraft et Sarah Pressman ont également confirmé l’action bénéfique du sourire sur la fréquence cardiaque. Il permet en effet de réduire la tension artérielle en situation de stress.

Selon Mark Stibich, « Quand vous souriez, il y a une réduction notable de la pression artérielle. Essayez à la maison si vous avez le matériel. »

8 . Sourire offre un lifting naturel et rend plus jeune

Chaque coup de colère est un coup de vieux ; chaque sourire est un coup de jeune.


– Proverbe Chinois –

Les 17 muscles du visage utilisés pour sourire dissipent les rides. Les zygomatiques stimulés par le sourire ont un effet tenseur qui prévient l’apparition de rides sur votre visage. En souriant, le visage s’illumine, ce qui le rend plus jeune.

Alors souriez plus et restez jeune.

9 . Sourire rend plus productif

Un sourire est une courbe qui révèle tout.


– Phyllis Diller –

Sourire a même un impact dans le domaine professionnel. En souriant, les endorphines produites par votre cerveau vous donnent également plus d’énergie.

En réduisant le stress et en augmentant votre énergie, vous stimulez votre activité cérébrale. Efficace pour être productif au travail !

Être souriant peut également faire toute la différence. Les gens souriants renvoient une image positive et sont alors jugés plus confiants. Le sourire est une arme naturelle et professionnelle de qualité.

10 . Sourire vous aide à rester positif (ve)

Celui qui sourit au lieu de s’emporter est toujours le plus fort.


– Proverbe Japonais –

Lorsque nous sourions, notre corps envoie un message positif à notre cerveau.

Tentez l’expérience. La prochaine fois que vous serez coincé dans un embouteillage, essayez de sourire pendant quelques minutes.

Souriez lorsque vous ressentez une douleur physique ou émotionnelle : celle-ci s’en trouvera directement atténuée.

Sourire est une façon naturelle de se sentir bien. Alors, faites l’expérience du sourire et prenez la vie du bon côté !

Et pour conjurer l’anxiété avec un peu de gaieté, distribuez des sourires autour de vous grâce à la Fabrique du Sourire. Retrouvez tous les dessins de Sophie Raynaud dans un distributeur de sourire !

 

lire cette étude

https://e-rse.net/sourire-bonheur-retroaction-faciale-27068/#gs.49nx9h

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30 septembre 2018 7 30 /09 /septembre /2018 21:32

NOS CONSEILS PSYCHOLOGIE - Pour Bessel van der Kolk, professeur de psychiatrie à la Boston University et spécialiste des questions traumatiques, il est important de «réactiver l'autorégulation du corps». Il explique au Figaro les moyens d'y parvenir.

Bessel van der Kolk, professeur de psychiatrie à la Boston University, fondateur du Trauma Center de Boston, vient de publier Le corps n'oublie rien. Le cerveau, l'esprit et le corps dans la guérison du traumatisme (Éd. Albin Michel).

LE FIGARO. - Quels signes doivent amener à diagnostiquer un psychotraumatisme?

Bessel VAN DER KOLK. - Les plus évidents apparaissent rapidement après que la personne a été exposée à un événement horrible bouleversant ses mécanismes adaptatifs. Cela entraîne de l'agitation, des insomnies, des cauchemars, d'intenses réactions à la surprise, de la détresse et une incapacité à gérer des relations complexes. De nombreuses personnes montrent aussi un engourdissement psychique et une inhibition des émotions alternant avec les souvenirs intrusifs et envahissants.

Ces symptômes sont-ils durables?

Tous ces symptômes peuvent persister pendant des années et, avec le temps, semblent dissociés de l'événement traumatique d'origine, car les troubles se manifestent au quotidien. Les proches, les collègues et souvent les médecins eux-mêmes estiment alors que la personne est «grincheuse», difficile à approcher, une antisociale chroniquement en colère et anxieuse. À ce stade, la psychiatrie dispose de nombreuses étiquettes pour qualifier la pathologie rencontrée, mais toutes passent à côté du fait que ces comportements et émotions sont les résidus d'un choc provoqué par d'anciennes expériences qui continuent à colorer la vie présente.

Le sentiment d'impuissance éprouvé lors de l'événement traumatisant est-il particulièrement destructeur?

Oui, sur un plan psychologique, la détresse est l'élément central du processus traumatisant. Mais celui-ci affecte de nombreuses aires du cerveau dédiées à la régulation corporelle, à l'attention et à l'autorégulation. Une des nombreuses manifestations de ces effets neurobiologiques est le déséquilibre chronique au niveau physique: les personnes traumatisées ont un taux supérieur de maladies gastriques et cardiaques. Le traumatisme perturbe le système immunitaire, et les individus régulièrement exposés ont une espérance de vie inférieure de dix ans à celle d'individus non exposés.

Comment combattre de tels effets?

Le terme de «combattre» sonne bizarrement dans un tel contexte. Quand le cerveau, le corps et l'esprit sont bouleversés par l'horreur d'être agressés et terrorisés, la meilleure protection des êtres vient d'un environnement soutenant, conscient de la réalité de ce qui leur est arrivé et qui les protège activement. Heureusement, parmi les découvertes innombrables que nous avons faites concernant le rétablissement d'un psychotraumatisme, il y a ce fait que le corps possède ses propres mécanismes d'autorégulation, qu'on peut réactiver grâce à la respiration, le mouvement, l'activité physique et le toucher. Nous avons découvert par exemple que le yoga, vénérable tradition ancestrale qui apprend à réguler ses fonctions corporelles, est plus efficace que la plupart des médications prescrites dans le traitement du stress post-traumatique. Et en général, certaines techniques telles que les arts martiaux, le tango ou le qi gong se révèlent très efficaces dans le traitement du stress post-traumatique pour restaurer un sentiment de pouvoir, de force et d'efficacité physiques.

Qu'en est-il de la pratique de la méditation ?

C'est une merveilleuse méthode qui permet de devenir conscient et de gagner en maîtrise sur des processus internes envahissants. Diverses études ont montré que la partie observatrice du cerveau - le cortex préfrontal médian - est directement connectée à la zone cérébrale qui reste en état d'alarme par rapport à sa survie. Les limites concernant la méditation, c'est que se tenir tranquille, en observant ce qu'on vit dans le silence, peut être une expérience extrêmement terrifiante pour ceux qui ont subi un traumatisme.

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14 septembre 2018 5 14 /09 /septembre /2018 14:30

EXCLUSIF - Le cancérologue le plus réputé de France apporte de nouveaux éclairages sur ce mal du siècle qu'on dit invincible. L'analyse de facteurs propices à son éclosion, comme le stress, et la généralisation de traitements prometteurs laissent penser qu'il ne l'est plus.

Elle s'appelait Florence. Elle était magnifique, brillante, pleine d'humour, y compris dans les moments les plus durs des sept années au cours desquelles je l'ai accompagnée dans son combat. Elle est morte trois semaines avant ses 29 ans. J'avais tenu son cancer sous contrôle pendant sept ans, de chimiothérapie en rémission. Et puis, tout à coup, celui-ci s'est mis à se développer à une vitesse folle, à envahir tous ses organes, les uns après les autres ; il est devenu systématiquement résistant à tous les médicaments, à la radiothérapie, à toutes les thérapeutiques que j'essayais d'imaginer. En moins de trois mois, alors que tout semblait jusque-là maîtrisé, le cancer l'a emportée. J'ai eu du mal à comprendre ce qui s'était passé pour que la situation se renverse si soudainement. Médicalement, c'est-à-dire en termes strictement biologiques, rien n'était venu, en apparence, déclencher cet effondrement brutal et violent des défenses qu'elle et moi avions mises en place pour tenir sa maladie à distance. Rien! Apparemment. Rien, sauf que, quatre mois avant sa mort, son mari l'avait quittée. Loin de moi l'idée de porter un quelconque jugement de valeur sur cette séparation. Non, ce qui m'intéresse ou plutôt m'interpelle ici, c'est l'impact émotionnel de ces événements sur Florence: le départ de son mari, qu'il n'a jamais vraiment expliqué à son épouse, et l'impression de perdre à cette occasion sa béquille, sa boussole. Florence était dorénavant confrontée à la solitude. Ajoutez à cela une prise de conscience - elle était désormais seule dans son combat -, mais aussi une blessure d'amour-propre ; l'abandon avait été si brutal qu'elle était convaincue d'avoir perdu tout intérêt aux yeux de son mari et toute valeur. Tout cela, on l'imagine bien, l'avait profondément bouleversée, fragilisée. Alors, pour faire face a cette immense douleur affective, son corps avait en quelque sorte décidé de se suicider en cessant de lutter contre le mal. Ce flot irrépressible de tristesse, en un mot, son désespoir, avait éteint toute lumière en elle, toute envie de vivre, au point qu'elle avait autorisé le cancer à gagner le combat. [...]

L'impact décisif du stress

Le stress, voilà, le mot est lâché! Le grand malfaiteur du siècle. Mais comment est-ce possible? Comment biologiquement l'impact se produit-il? Le terme «stress» vient de l'ancien français estrece, qui veut dire «oppression» et est lui-même issu du verbe latin stringere, signifiant «serrer». Il constitue l'ensemble des réponses mentales, émotionnelles et physiques de l'organisme soumis à des contraintes ou à des pressions. Ces réponses dépendent toujours de la perception qu'a l'individu des pressions qu'il ressent. Aujourd'hui, après quarante ans d'expérience, j'affirme qu'il existe un lien entre stress et cancer. Ce que nous pouvions pressentir, subodorer, est désormais une chose établie. Toute la question est de comprendre pourquoi et comment le stress est la gâchette! [...]

La méthode scientifique, qui implique la démonstration objective d'un lien entre la cause et l'effet, nécessiterait que l'on prenne deux groupes d'individus volontaires, qu'on les fasse monter dans un avion, que l'on équipe la moitié d'entre eux d'un parachute et l'autre, d'un sac à dos vide… Puis que l'on fasse sauter tout ce beau monde de l'avion! Ensuite, il ne resterait plus, pour tirer les conclusions de l'enquête, qu'à compter les morts écrasés au sol et à voir s'il y en a eu moins dans le groupe avec parachute que dans le groupe sans parachute! Voilà, c'est ça, la méthode scientifique! Autre exemple: est-ce qu'il vous paraîtrait imaginable de prendre des jeunes mères et d'enlever brutalement à la moitié d'entre elles leur bébé pour voir si, dans le futur, on enregistre plus de cancers chez celles qui auront perdu leur enfant que chez celles qui auront pu continuer de vivre avec le leur? Ce type de démonstration est, par nature, et moralement, impossible à mener. On voit bien que, dès lors que nous voulons observer les liens entre psychisme et cancer, nous ne pouvons pas nous appuyer sur des études prospectives. Voilà pourquoi la science ne peut se prononcer depuis toutes ces années. Alors comment puis-je aujourd'hui étayer cette conviction, tirée de mon expérience clinique de plus de quarante ans de cancérologie, que ce lien existe bel et bien? Simplement parce que le contact avec des milliers de malades, de toutes origines, de toutes conditions, m'a personnellement montré qu'il existe. [...]

«Chez l'homme, l'anxiété provoquait un doublement de la mortalité par cancer.»

Une autre étude finlandaise, en 2003, va continuer d'ébranler les idées reçues et pointer la dangerosité du stress: 10.808 femmes ont été suivies à partir de 1981, soit pendant vingt-deux ans, un questionnaire listant les circonstances particulièrement stressantes (divorce, séparation, deuil conjugal, perte d'un être proche) de leur vie. Au cours du suivi, 180 cancers du sein ont été diagnostiqués. L'existence d'au moins un antécédent de stress avait augmenté le risque de cancer du sein de 35 %. Plus encore, le divorce ou la séparation multipliaient le risque par 2,2 - la mort du mari par 2 et la mort d'un parent très proche de 35 %. Chez les hommes, l'impact du stress est tout aussi terrible avec sa cohorte de dommages. En 2016, une étude britannique établissait le lien entre anxiété généralisée et le risque de mourir d'un cancer chez plus de 15.000 Anglais âgés de plus de 40 ans. Chez l'homme, l'anxiété provoquait un doublement de la mortalité par cancer. [...]

» LIRE AUSSI - Cancer: cinq ans après, que sont-ils devenus?

Il me faut aussi admettre que la souffrance que je ressens, à un instant donné, est en réalité l'expression de la souffrance de mes cellules, et qu'elles m'informent de leur détresse. Si la capacité que j'ai à supporter cette souffrance, le seuil à partir duquel ce stress devient trop important sont bien directement liés aux gènes reçus de mes parents, l'idée que je ne puisse plus y faire face, préférant encore une fois, à l'échelon cellulaire, un suicide plutôt que la pensée que je n'iraijamais mieux, est clairement en rapport avec la façon dont la vie a modifié ces mêmes gènes via l'épigénétique. Je suis intimement convaincu qu'il existe un lien entre émotions cellulaires - et donc nos émotions propres - et le cancer. Ce lien s'explique par l'intelligence cellulaire. Alors, si mes cellules souffrent, il est logique qu'elles fassent advenir en moi une manière de ne plus subir cette souffrance. [...]

Géniale immunothérapie

[L'un des problèmes auxquels] va être confrontée la cellule cancéreuse est d'échapper à tous les systèmes qui assurent la protection de l'organisme, et, en premier lieu, au système immunitaire. Même si le mot est familier, beaucoup d'entre nous ne savent pas très bien à quoi il correspond précisément. De façon très basique, c'est un système dont le seul but est de protéger un individu contre tout ce qui lui est étranger, au premier chef contre toutes les sortes d'infections qui le menacent. Il faut bien le savoir, nous vivons en état de siège infectieux permanent, et notre système immunitaire est notre bouclier! Par exemple, notre flore bactérienne intestinale (le fameux microbiote) est indispensable pour assurer notre digestion, mais en même temps elle est potentiellement très dangereuse. En effet, si notre protection immunitaire baissait et si notreflore intestinale nous attaquait subitement de l'intérieur, les dommages seraient réels, car notre corps comprend encore plus de bactéries que de cellules! Cette défense nous est aussi nécessaire contre tous les agents infectieux qui nous entourent à l'extérieur et qui ne demandent qu'à nous contaminer, que ce soit par voie respiratoire, cutanée ou digestive. Nous survivons à cette terrible menace permanente uniquement grâce à ce système de surveillance qu'est notre système immunitaire. Il est constitué de deux types d'armes d'autodéfense cellulaires. D'abord les lymphocytes, que la majorité d'entre nous appelle les globules blancs, même si, en réalité, les lymphocytes ne représentent que 30 à 40 % des globules blancs. Ces lymphocytes sont, selon leur type, capables soit d'attaquer directement tout ce qui n'est pas reconnu comme appartenant à l'individu, soit de fabriquer contre ces menaces des sortes de missiles guides à l'efficacité redoutable: les anticorps.

Ces anticorps sont des protéines fabriquées par certains lymphocytes qui sont relarguées dans le sang ; en circulant, ils vont chercher et reconnaître tout ce qui est étranger à notre corps et susceptible de nous nuire, pour le détruire. Et, génie de la nature, ces lymphocytes parviennent à se souvenir du corps étranger rencontré ou combattu, car ils sont dotés d'une mémoire prodigieuse. Si la même menacese présente une deuxième fois, l'identification sera immédiate et la destruction, automatique et encore plus rapide et efficace. D'une certaine manière, les lymphocytes apprennent à reconnaître une structure étrangère et vont la mémoriser, ce qui les rendra encore plus performants dans leur rôle de défenseurs lors d'une nouvelle rencontre. Le seul handicap de cette défense lymphocytaire, c'est que le lymphocyte a besoin qu'on lui présente cette menace au préalable. Il faut qu'on lui apprenne à l'identifier comme étrangère, en lui montrant ce qui la rend différente et pourquoi, n'ayant rien à faire dans notre corps, elle doit être éliminée. Le lymphocyte fonctionne un peu comme un chien qu'on aurait éduqué à detecter un danger. Quand celui-ci est identifié, entrent en scène les contrôleurs.

Chasse aux envahisseurs

C'est là qu'un autre type de cellule prend les choses en main: les macrophages. Eux agissent comme desgardes-frontières! Ils contrôlent toutesles cellules qu'ils rencontrent en demandant leurs papiers d'identité pour vérifier qu'elles appartiennent bien au même individu qu'eux. Tant que les cellules rencontrées sont capables de montrer patte blanche, rien ne se passe. Mais si quoi que ce soit semble louche, le macrophage se déchaîne! Il attrape cet élément étranger, le découpe en morceaux et donne l'alarme aux lymphocytes! Il leur fait toucher, sentir, voir, comprendre en quoi cette structure est étrangère à l'organisme, ce qui déclenche immédiatement la chasse aux envahisseurs. Chaque jour, des centaines d'alertes sont activées par notre merveilleux système immunitaire, qui nous défend contre toute menace. Pour lui, les choses sont assez simples et se résument, de manière manichéenne au soi et au non-soi, au familier et à l'étranger. Il y a ce qui est moi et que je protège, et tout ce qui n'est pas moi, que je détecte et détruis. L'énergie dépensée par ce système de défense est donc considérable, puisqu'il veille sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, à la protection de notre corps.

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Alors, à ce stade, on peut se demander pourquoi un système aussi performant, censé nous défendre contre tout ce qui nous menace, n'est pourtant pas capable d'éliminer les cellules cancéreuses! Effectivement, elles échappent à la surveillance par des stratagèmes que l'on peut qualifier d'intelligence cellulaire. Chaque attaque programmée est précise, contrôlée, pertinente. Et le pointd'orgue de cette intelligence cellulaire cancéreuse est le camouflage. Le stratagème le plus anciennement décrit est un mécanisme de camouflage qui va faire en sorte que les macrophages, et donc les lymphocytes, soient aveugles et ne puissent identifier, reconnaître, percevoir, devinerla moindre cellule cancéreuse. Nos cellules cancéreuses vont, par exemple, se recouvrir d'une colle sur toute la surface de leur enveloppe, substance qui va provoquer l'adhésion, tout autour de la cellule maligne, de toutes sortes de cellules ou de débris qui passaient par là. Un peu comme si un animal se cachait en se recouvrant de feuilles mortes, de branchages, de cailloux… Les cellules cancéreuses ont surtout recours à ce camouflage pour circuler dans les vaisseaux afin de quitter la tumeur primaire et ainsi aller constituer une métastase. Ce voyage vasculaire est long et périlleux, car elles sont susceptibles à chaque instant de se retrouver nez à nez avec une cellule du système immunitaire, qui ne cesse de faire des rondes de surveillance. Ce camouflage n'est qu'une des dizaines de stratagèmes que la cellule cancéreuse a développés au cours du temps pour se mettre à l'abri et appliquer son plan d'attaque. Mais aussi performantes en camouflage soient-elles, les cellules sont parfois reconnues et attaquées. Comme toujours dans la nature,les plus faibles sont éliminés. C'est la sélection naturelle. Les cellules cancéreuses les plus fragiles vont être repérées et éliminées, et ce procédé explique en partie pourquoi, au fur et à mesure de son évolution, un cancer devient de plus en plus redoutable et de plus en plus intelligent: seules les cellules les plus malignes survivent. Elles vont finalement être les seules à se reproduire et à engendrer une descendance à chaque génération plus performante.

Tueur en série

Pendant très longtemps, et il y a encore cinq ou six ans, on ne comprenait pas pourquoi tous ces macrophages et ces lymphocytes ne parvenaient pas à éliminer notre tueur en série. Au microscope, lorsque l'on examinait une tumeur, on voyait bien des centaines de macrophages et globules blancs autour des cellules cancéreuses, mais, étrangement, ces cellules de notre système immunitaire semblaient endormies, incapables de contre-attaquer. Puis, un jour, on a fini par comprendre pourquoi!

Aussi incroyable que cela puisseparaître, quand les cellules cancéreuses comprennent qu'elles sont découvertes et attaquées, elles sécrètent tout autour d'elles une substance capable d'endormir les globules blancs, une sorte de somnifère puissant qui provoque l'inactivité de tous les lymphocytes. Ce somnifère, nommé PDL1, est assez stupéfiant, car il n'endort que les cellules qui possèdent à leur surface un récepteur spécifique, appelé, lui, PD1. Aussi, lorsque le PDL1 s'arrime sur son récepteur spécifique, le PD1, la cellule qui abrite ce dernier s'assoupit aussitôt.

Voilà le plus extraordinaire dans cette histoire! C'est comme si les cellules cancéreuses savaient que les lymphocytes qui s'approchent pour les tuer possédaient ce récepteuret étaient donc sensibles à l'effet d'endormissement que le PDL1 allait provoquer! C'est, soit dit en passant, à partir de la découverte de ce phénomène que l'on a tout récemmentdéveloppé cette nouvelle façon delutter contre le cancer: l'immunothérapie. Celle-ci consiste à administrer aux malades des antidotes à ce somnifère (des anti-PDL1 ou anti-PD1) qui immobilisent les cellules cancéreuses, dès lors incapables d'endormir les globules blancs.

L'Enquête vérité, du Pr David Khayat, Albin Michel, 224 p., 19,50 €. En librairie le 19 septembre.

publié dans Le Figaro

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